dégoiser

dégoiser

dégoiser [ degwaze ] v. <conjug. : 1>
XIVe; « chanter » XIIIe; de dé- et gosier
Fam. et péj.
1 V. tr. Débiter. Dégoiser d'interminables discours. Qu'est-ce qu'il dégoise ? 1. dire.
2 V. intr. Parler. Il n'a pas fini de dégoiser.

dégoiser verbe transitif (de gosier) Populaire et péjoratif. Débiter des propos avec volubilité : Dégoiser des injures.dégoiser verbe intransitif Populaire et péjoratif. Parler avec volubilité.

dégoiser
v. intr. Fam., péjor. Parler avec volubilité.
v. tr. Dégoiser des âneries.

⇒DÉGOISER, verbe trans.
A.— Vx. [En parlant des oiseaux] Chanter.
Emploi abs. Allons, dégoisez! — Insolent! — Mais, chère madame, « dégoiser » se dit du ramage des oiseaux (RENARD, Journal, 1891, p. 89).
P. métaph. Pour Hugo et Lamartine, ces poètes peu sensibles au fond, arrivés à un certain âge, ils vont de plus belle : ils ne chantent plus, ils dégoisent (SAINTE-BEUVE, Poisons, 1869, p. 26).
Rem. Attesté ds Ac. 1798-1878 (avec la mention ,,n'est plus guère en usage``), BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, QUILLET 1965.
B.— [Le suj. désigne une pers.]
1. Familier
a) Péj. Débiter rapidement, avec une volubilité excessive (des propos, des chansons, etc.). Dégoiser un discours, des inepties, des injures. Elle commençait de dégoiser des horreurs sur le monde d'ici (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 222) :
1. Monsieur Nadinier (...) étudia les curés, et il communiquait à Lantier ses observations : ces farceurs-là, en crachant leur latin, ne savaient seulement pas ce qu'ils dégoisaient...
ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 668.
Emploi abs. Sur ce verre, par exemple, il pouvait dégoiser pendant des heures (PROUST, Swann, 1913, p. 258).
b) Non péj. Synon. raconter. Ohé! Roure, fais voir ta belle voix; dégoise-nous quelque chose (...). Alors Roure (...) entamait quelque bonne rengaine patriotique (COURTELINE, Train de 8 h 47, 1885, I, p. 191).
Dégoiser qqc. à, contre, sur qqn/qqc. Il dégoisait contre eux [les Allemands] les plus plaisantes invectives (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 191).
SYNT. Dégoiser des blagues, des bourdes, des compliments, des gaudrioles; dégoiser un boniment, un couplet; se mettre à dégoiser qqc.
Emploi abs. Jaser. Cette femme aime bien à dégoiser (Ac. 1798-1878).
En dégoiser. Parler abondamment et en connaissance de cause. Celui qui nous a démontré la chose est un muscadin de Paris. C'est un gaillard qui en dégoise (MUSSET, Lettres Dupuis Cotonet, 1836, p. 595).
2. Familier
a) Raconter oralement (un fait, un événement). L'abbé, qui dégoisa l'affaire avec une admirable bonhomie, fut écouté froidement par Albert (BALZAC, A. Savarus, 1842, p. 98) :
2. — Tonton Gabriel, dit Zazie paisiblement, tu m'as pas encore expliqué si tu étais un hormosessuel ou pas, primo, et deuzio où t'avais été pêcher toutes les belles choses en langue forestière [étrangère] que tu dégoisais tout à l'heure?
QUENEAU, Zazie dans le métro, 1959, p. 132.
P. ext. [Par écrit] Je puis vous écrire. (...) j'ai tant de choses à vous dégoiser que je ne m'y reconnais plus (FLAUB., Corresp., 1872, p. 342).
Spéc. Lire à haute voix, réciter. Dégoiser un rôle, une tirade, des vers. Je vous dégoiserais quelques pages (FLAUB., Corresp., 1869, p. 178). « La petite » est debout et dégoise sa tirade préparée (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 106).
b) Raconter, révéler (ce qui était caché). Ma foi, pendant que j'y suis, je m'en vais leur dégoiser tout ce qui m'étouffe! (VALLÈS, J. Vingtras, Insurgé, 1885, p. 37). Ne fais pas l'andouille, mets-toi gentiment à table et dégoise ce que tu sais (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 91).
Rem. La docum. le atteste subst. masc. dégoisement et le subst. fém. dégoisade. Péj. Fait de débiter avec volubilité. Une « dégoisade » de maximes niaisement pédantesques (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 324). Du matin au soir il sortait d'elle [Augustine] un dégoisement de sottises, un vomissement d'injures (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 123). Certains dict. attestent dégoisement au sens a) [En parlant des oiseaux] Chant (Ac. Compl. 1842, Lar. 19e-20e). b) [En parlant des enfants] Babillage, bavardage (Lar. 19e-20e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892).
Prononc. et Orth. :[degwaze], (je) dégoise [degwa:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin XIIIe s. [ms.] réfl. en a. fr. « chanter, en parlant des oiseaux » (Trad. du Traité de Fauconnerie de l'empereur Frédéric II, ms. P, 170 v° cité par G. Tilander ds Z. rom. Philol., t. 46, 1926, p. 255); XIVe s. «parler, dire, débiter (rapidement) » (G. GUIART, II, 7171 ds T.-L.). Dér. du rad. de gosier; préf. dé-; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 46. Bbg. ROBERT (I.). La Tentation de l'arg. Déf. Lang. fr. 1969, pp. 8-11.

dégoiser [degwaze] v.
ÉTYM. XIVe; « chanter », fin XIIIe; de 1. dé-, et gosier.
Familier et péjoratif.
1 V. intr. Parler. || Il n'a pas fini de dégoiser.
1 Peste ! Madame la Nourrice, comme vous dégoisez ! Taisez-vous, je vous prie (…)
Molière, le Médecin malgré lui, II, 1.
2 V. tr. Débiter; réciter, chanter (péj.). || Dégoiser d'interminables discours (→ Bonisseur, cit. 2). || Qu'est-ce qu'il dégoise ? Dire.
2 Avec une précipitation forcenée, en quelques minutes, elles dégoisèrent les injures qu'elles avaient mis deux heures à chanter.
M. Barrès, la Colline inspirée, XI, p. 183.
3 On donnait quelques tours à la clef et le charmant vocalisateur dégoisait un air aussi varié qu'il était triste.
J. Green, Vers l'invisible, 1958-1967, 4 mai 1959.
Raconter des bobards.
4 (… les clients) se sont mis en colère, ils voulaient tout casser. D'un comique. — Vous dites que vous avez fini par les servir. — Après les avoir calmés (…) après avoir insinué que par faveur insigne (…) parce que c'était eux (…) Enfin, vous voyez ce qu'on dégoise aux clients un peu benêts.
R. Queneau, les Fleurs bleues, p. 129.
DÉR. Dégoisade, dégoisement.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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